Objectif : …crire une nouvelle policière de plusieurs pages en vous laissant guider par les douze Ètapes du parcours suivant.
…tape 1 : Construire líintrigue
Vous savez maintenant comment est Ècrite une nouvelle et vous connaissez sans doute beaucoup de romans policiers, par la lecture ou les feuilletons tÈlÈvisÈs. Un rÈcit policier pose un mystËre, une Ènigme ‡ dÈcouvrir : un meurtre a ÈtÈ commis. Qui est líassassin ?
La seule grande difficultÈ que vous allez rencontrer pour Ècrire une nouvelle policiËre sera díinventer la solution en mÍme temps que le mystËre : vous níÍtes plus le simple lecteur qui dÈcouvre progressivement líÈnigme. Vous Ítes le scÈnariste qui la construit.
Le pari est de construire une intrigue rigoureuse et de mener le suspens jusquí‡ la fin. Donc, abandonnez tout de suite les idÈes de meurtres en sÈrie, de dÈtails horribles, díinondations díhÈmoglobine. La meilleure histoire de la classe sera celle qui ne permettra la dÈcouverte du coupable que dans le dernier Èpisode !
Voici une suite díÈlÈments qui doivent obligatoirement figurer dans votre Ènigme. Seul (e) ou par groupes de trois ÈlËves, vous allez líinventer pas ‡ pas.
Le crime
Qui a tuÈ qui ?
Pourquoi ?
O˘ ? Quand ? Comment ?
Choisissez la victime, le coupable, le mobile, les circonstances.
Inventez dËs maintenant une fausse piste : deux suspects possibles, dont le vrai coupable, deux mobiles, deux alibis.
Pour vous inspirer, consultez les catalogues díÈditeurs spÈcialisÈs dans les collections policiËres. Les rÈsumÈs des livres vous donneront des idÈes díintrigues.
Par exemple
La malÈdiction du corbeau, Jean-Paul NoziËre, Collection Je Bouquine, Bayard Presse.
Maxime et son grand-pËre ont dÈcouvert que le prÈcÈdent propriÈtaire de leur maison a ÈtÈ assassinÈ. Par qui ? Pourquoi ? Cet assassinat a-t-il un rapport avec le sabotage de la fusÈe Ariane qui vient díexploser ?
Collection Le Masque :
George Baxt, Par Èlimination
LíhÈritage du millionnaire Andrew Graymoor Èchoira au dernier survivant de ses dix enfants adoptÈs. Le compte ‡ rebours peut commencerÖ
John Dickson Carr, Meurtre aprËs la pluie
Un homme ÈtranglÈ sur un court de tennis, une demi-heure aprËs un violent orage. Et sur le sol dÈtrempÈ, aucune autre trace que celles de la victimeÖ
Agatha Christie, Le crime de líOrient-Express
Un wagon de líOrient-Express bloquÈ par les neiges, et dans un compartiment, un AmÈricain lardÈ de douze coups de couteau.
Agatha Christie, La fÍte du potiron
Au cours des rÈjouissances de Halloween, une fillette bavarde et menteuse síest vantÈe publiquement díavoir assistÈ ‡ un meurtre des annÈes plus tÙt. Ce níÈtait guËre prudentÖ Elle a ÈtÈ assassinÈe. Poirot enquÍteÖ
Ruth Rendell, La danse de SalomÈ
Patrick Selby est mort díun arrÍt du cúur consÈcutif ‡ des piq˚res de guÍpes. Mais les gens parlent, parlentÖ Et le Dr Greenleaf, qui a donnÈ le permis díinhumer, commence ‡ se poser des questionsÖ
Le mobile
Les mobiles des crimes sont toujours un peu les mÍmes. Choisissez-en un parmi ceux-ci et dÈveloppez-le :
ï argent (capter un hÈritage ; bÈnÈficier díune assurance vie ; síapproprier un billet de loto gagnant, etc), vol (díun tableau, díun bijou, díun timbre de collection, des actions díune mine díor, díun manuscrit miraculeusement retrouvÈ, des plans díune nouvelle fusÈe, etc)
ï amour, jalousie (toutes les situations du crime passionnel)
ï ambition (pour obtenir un poste de dirigeant dans une sociÈtÈ quelconqueÖ)
ï mauvaise conscience (faire taire un maÓtre chanteur ou un tÈmoin gÍnant)
ï vengeanceÖ
Le brouillage des pistes
DÈterminez la maniËre dont le coupable a brouillÈ les pistes pour Èviter díÍtre accusÈ :
ï alibi bien prÈparÈ (prÈciser : lieux, heures, tÈmoins)
ï meurtre dÈguisÈ en suicide ou en accident
ï disparition du cadavre (de líhÙpital, de la morgueÖ)
ï dÈguisement de líassassin (perruque, postiche, impermÈable, hauts talons, etc)
ï faux indices : piËces ‡ conviction qui accusent quelquíun díautre
ï dÈtails mystÈrieux et insolites : cadavre cachÈ dans un Ètui de contrebasse, ÈtranglÈe de six bas de tailles et de couleurs diffÈrentes, victime aux pieds bandÈs, etc.
ï effacement ou trucage des empreintes
ï arme du crime inattendue et diabolique (coups de tÈlÈphone affolants, piq˚re de guÍpe dÈclenchant une allergie mortelle, poison dans le g‚teau de mariage, etc.)
ïÖ sans oublier le traditionnel meurtre en lieu clos : chambre fermÈe de líintÈrieur, bateau en pleine mer, chalet de montagne isolÈ par la neige
Les indices et les preuves
Des indices doivent trahir le coupable et amener le dÈtective ‡ la vÈritÈ : des indices matÈriels, une phrase prononcÈe, deux tÈmoignages qui ne concordent pas, un testament truquÈ, la copie díun acte díÈtat civilÖ
Les preuves, qui vont confondre le coupable et servir au procËs, peuvent Ítre de diffÈrents ordres : journaux anciens, dÈcalage horaire, ticket díautoroute, film de camÈra de surveillance, empreinte digitale, test scientifiqueÖ
La narration de líhistoire
Le plus simple est díÈcrire votre nouvelle ‡ la troisiËme personne : le rÈcit se raconte de lui-mÍme et le narrateur níapparaÓt pas. Dans ce cas, personne ne dit JE en dehors des dialogues, et vous-mÍme, tÈmoin ou enquÍteur, enquÍtrice, níapparaissez pas dans líhistoire.
Dans les rÈcits classiques, líhistoire de líenquÍte est souvent racontÈe par un ami du dÈtective qui observe, note, etÖ ne comprend rien : cíest le personnage auquel le lecteur síidentifie. De la mÍme maniËre, vous pouvez Ècrire votre rÈcit ‡ la premiËre personne, en faisant raconter líhistoire par un (e) journaliste tÈmoin. Vous pouvez Ègalement, dans ce cas, apparaÓtre dans líhistoire, en tant que tÈmoin, ou ami (e) de líenquÍteur.
Il níest pas conseillÈ díÍtre ‡ la fois le dÈtective et le narrateur de líhistoire : en effet, dans ce cas, il est trËs difficile de ne pas rÈvÈler trop vite la solution !
Voici un exemple, tirÈ díune nouvelle díAgatha Christie. Vous pourrez comparer líexposÈ du mystËre, au tout dÈbut de la nouvelle, et la solution qui, ‡ la derniËre page, y rÈpond exactement :
1. Le mystËre
LA TRAG…DIE DE MARDSON MANOR
Jíavais ÈtÈ appelÈ hors de la capitale durant quelques jours et, ‡ mon retour, je trouvai Poirot occupÈ ‡ boucler sa petite valise.
ó A la bonne heure, Hastings, je craignais que vous ne soyez pas revenu ‡ temps pour míaccompagner.
ó On vous a donc appelÈ ‡ líaide quelque part ?
ó Oui, bien que je doive admettre, díaprËs les apparences, que líaffaire ne semble pas passionnante. La compagnie díassurances, LíUnion de líOuest, mía demandÈ díenquÍter sur la mort díun certain Maltravers qui avait contractÈ chez eux, quelques semaines plus tÙt, une assurance sur la vie pour la belle somme de cinquante mille livres !
ó Vraiment ? míexclamai-je intÈressÈ.
ó Il y avait, bien s˚r, la clause habituelle soulignant líÈventualitÈ díun suicide. Dans le cas o˘ le client se serait tuÈ volontairement au cours de la premiËre annÈe, líassurance aurait ÈtÈ annulÈe. Mr. Maltravers a ÈtÈ d˚ment examinÈ par le mÈdecin de la compagnie et, bien quíil soit un homme ayant lÈgËrement dÈpasse le bel ‚ge, il fut reconnu comme jouissant díune santÈ robuste. Quoi quíil en soit, mercredi dernier, cíest-‡-dire avant-hier, le corps de Maltravers a ÈtÈ trouvÈ sur le terrain de sa propriÈtÈ en Essex, Mardson Manor, et la cause de sa mort serait une sorte díhÈmorragie interne. Ce fait, par lui mÍme, níaurait rien de singulier, mais de sinistres rumeurs se rapportant aux difficultÈs financiËres de Maltravers traÓnaient dans líair depuis peu et líUnion de líOuest a dÈcouvert, sans doute possible, que le gentleman en question Ètait ‡ deux doigts de la faillite. Cela change considÈrablement les choses. De plus, il avait une femme jeune et belle. On soupÁonne quíil aurait pu ramasser tout líargent liquide dont il disposait pour payer líassurance-vie dont son Èpouse bÈnÈficierait et quíensuite, il se serait suicidÈ ! Une telle histoire nía rien díexceptionnel. En tout cas, mon ami, Alfred Wright, qui est un des directeurs de líUnion de líOuest, mía demandÈ de dÈcouvrir la vÈritÈ sur cette affaire, mais, comme je vous líai dit, je níai pas grand espoir de rÈussir. Si sa mort avait ÈtÈ causÈe par un arrÍt du cúur, je serais plus optimiste. Cíest l‡ un verdict qui peut toujours passer pour un aveu díincapacitÈ du mÈdecin local, ignorant la vÈritable cause du dÈcËs de son malade. Mais, quand il y a hÈmorragie, aucune erreur níest possible. Cependant, tout ce que nous pouvons faire est de chercher des renseignements utiles. Cinq minutes pour boucler votre bagage, Hastings, et nous prendrons un taxi pour gagner la gare.
2. La solution
Jíavouai :
ó MÍme ‡ prÈsent, je ne rÈalise pas trËs bien ce crime et son exÈcution !
ó CommenÁons par le commencement. Nous avons une jeune femme clairvoyante et calculatrice qui, connaissant la dÈb‚cle financiËre de son mari et lasse díun compagnon vieillissant quíelle níavait ÈpousÈ que pour son argent, pousse ce dernier ‡ contracter une importante assurance sur la vie en sa faveur. Ceci fait, elle cherche le moyen díaccomplir son dessein. La chance le lui offre ! LíÈtrange aventure racontÈe par le jeune officier ! LíaprËs-midi suivant, lorsque Monsieur le Capitaine est en haute mer, comme elle le pense, elle et son mari fl‚nent sur les pelouses et jíimagine leur dialogue : ´ Quelle bizarre histoire Black nous a racontÈe, hier soir au souper, observe-t-elle. Un homme peut-il vraiment se suicider de cette faÁon ? Montrez-moi si cíest possible ? ª. Le pauvre fou lui montre, il place líextrÈmitÈ du fusil dans sa bouche. Elle se baisse et pose la main sur la g‚chette, riant en levant les yeux sur lui : ´ Et maintenant, monsieur, conclut-elle friponne, supposons que je presse la g‚chette ? ª. Et alorsÖ Et alors, HastingsÖ Elle la presse !
Agatha Christie, La tragÈdie de Mardson Manor, in Les enquÍtes díHercule Poirot, © Librairie des Champs …lysÈes, 1968.
…tape 2 : VÈrifier la prÈsence des ÈlÈments indispensables ‡ líintrigue
Petite liste pour vÈrifier la construction de votre Ènigme :
ï Qui est la victime ?
ï O˘, quand, comment et par qui a-t-elle ÈtÈ trouvÈe ?
ï Par qui líintrigue est-elle racontÈe ?
ï Quels sont les indices ?
ï Qui est coupable ?
ï Qui est díabord suspectÈ (e) ?
ï Pourquoi ?
ï Comment le coupable síy est-il pris ?
ï Comment le coupable a-t-il dissimulÈ son crime ?
ï Par quelles preuves le coupable est-il dÈmasquÈ ?
…tape 3 : RÈdigez un rÈsumÈ de líintrigue
RÈdigez votre projet díintrigue sous forme de fait-divers et en vous inspirant du fait-divers suivant. Vous prÈsenterez la fausse piste que vous aurez inventÈe en líintroduisant dans votre texte, par exemple, par la phrase suivante : ´ On a díabord soupÁonnÈ M. X. (ou Mme Y.) qui avaitÖ Il a ÈtÈ arrÍtÈ puis rel‚chÈ, parce queÖ ª
…tape 4 : PrÈsenter oralement son texte ‡ la classe
En prÈsentant oralement votre texte ‡ líensemble des camarades de la classe, vous pourrez vÈrifier si votre intrigue est cohÈrente, si elle est assez complËte pour Ítre comprise.
Servez-vous du questionnaire de líÈtape 2 pour apporter, ‡ votre tour, des conseils ‡ vos camarades, pour leur faire des suggestions Èventuelles au cas o˘ leur histoire vous paraÓtrait trop compliquÈe ou peu originale.
…tape 5 : CrÈer des personnages
Vous voici parvenus ‡ une Ètape bien plaisante : il síagit ici de crÈer les caractÈristiques de vos principaux personnages : la victime, le coupable, líautre suspect, et surtout votre personnage principal : le dÈtective.
Utilisez une fiche bristol. Vous pourrez líorner díun dessin ou díune photo dÈcoupÈe dans un magazine, Ceci vous aidera pour dÈcrire votre personnage.
Voici un modËle de fiche qui vous aidera ‡ inventer. Bien entendu, tous les dÈtails qui figureront sur la fiche ne seront pas tous repris dans votre texte, mais ils vous aideront ‡ imaginer vos personnages.
Fiche pour crÈer un personnage
Nom/PrÈnom/Surnom :
Portrait physique
1. Sexe :
2. ¬ge :
3. Taille et poids :
4. Visage (couleur des cheveux, yeux, peau, nezÖ) :
5. Silhouette :
6. Apparence (soignÈ/sale, beau/laid) :
7. Signes particuliers (cicatrices, ticsÖ) :
8. Maladies :
9. VÍtements habituels :
10. Accessoires habituels (pipe, bijoux, lunettesÖ) :
Situation familiale et sociale
1. Classe sociale (modeste, moyenne, haute) :
2. MÈtier/fonction (travail, horaire, salaire) :
3. …ducation (durÈe, Ècoles, matiËres favorites ou pas, cultureÖ) :
4. Vie familiale (parents vivants ? sÈparÈs ? divorcÈs ? orphelin ? Leur mentalitÈ,
leur cadre de vie, leurs habitudes/qualitÈs/dÈfauts) :
5. Valeurs morales (honnÍtetÈ, honneur, courage, patience, respect, tolÈrance ou le contraireÖ) :
6. Situation familiale (cÈlibataire, mariÈ, divorcÈÖ) :
7. NationalitÈ :
8. Place sociale : effacÈe ou forte (clubs, associationsÖ) :
9. ActivitÈs de loisirs : lectures, journaux, sports, bricolageÖ :
Portrait psychologique
1. CaractËre (nerveux, apathique, sentimental, rÍveur, colÈreuxÖ)
2. Attitude face ‡ la vie (actif, militant, suiveur, rÈsignÈ, dÈsillusionnÈÖ) :
3. Complexes personnels (peurs, superstitions, obsessionsÖ) :
4. Niveau díintelligence :
5. CapacitÈs particuliËres (maths, littÈrature, cinÈma, informatiqueÖ) :
6. Relations avec les autres (extraverti, introvertiÖ) :
7. QualitÈs (imagination, logique, intuitionÖ) :
VÈrifier que tous ces ÈlÈments sont cohÈrents entre eux. En modifier certains au besoin.
(DíaprËs Louis Timbal-Duclaux, JíÈcris des nouvelles et des contes, © …crire aujourdíhui, 1993, numÈro spÈcial)
Voici un modËle de fiche remplie pour un cÈlËbre personnage díenquÍteur :
Nom : MAIGRET
PrÈnoms : Jules, FranÁois, AmÈdÈe
NÈ ‡ : Saint Fiacre par Matignon, ‡ 25 km de Moulins (Allier).
Portrait physique
Sexe : Masculin
¬ge dans les romans : proche de 50 ans.
Taille : 1,80 m,
Poids : 110 kg
Cheveux : Èpais, ch‚tain, avec les tempes argentÈes.
Silhouette : Puissante et forte. Embonpoint.
VÍtements habituels : Costume, chemise blanche, bretelles et gilet, Èpais pardessus, chapeau.
Situation familiale et sociale
Parents : Fils unique díEvariste Maigret, rÈgisseur du ch‚teau de Saint Fiacre, honnÍte, scrupuleux, taciturne. Orphelin vers lí‚ge de 8 ans ; se souvient peu de sa mËre.
…tudes : Ètudes (inachevÈes) de mÈdecine ‡ Nantes.
Situation familiale : MariÈ ‡ Louise, Alsacienne, fille díun ingÈnieur des Ponts et ChaussÈes. Paisible, grassouillette, bonne cuisiniËre, simple, solide, douce, calme, tendre, admirative. Excellente entente conjugale. Sans enfant.
Adresse : 130, bd Richard-Lenoir, Paris-XIe, 4e Ètage.
Portrait psychologique
Habitudes : Fume la pipe ; se frotte la tÍte ‡ rebrousse-poil ; ne danse pas ; nía pas le permis de conduire ; níaime pas les sucreries ; aime les plats mijotÈs ; parle quelques mots díallemand ; comprend líanglais et le breton.
Expressions favorites : ´ Je ne crois rien ª ou ´ Rien du tout ª, ´ Vous ne pouvez pas comprendre ª.. Níaime pas rester ‡ Paris sans sa femme. Oublie rÈguliËrement son Ècharpe.
BlessÈ trois fois dans sa carriËre.
MÈthode : Ècoute, rÈunit un faisceau díindices mais se fie surtout ‡ son intuition. DÈteste la police scientifique et le raisonnement logique.
…tape 6 : Se documenter
Pour que votre intrigue soit passionnante ‡ lire, il est important díapporter autant de soins au cadre quíaux personnages. Pour cela, vous vous documenterez au CDI avec votre Èquipe.
Cherchez des cartes de la rÈgion que vous avez choisie. Consultez un plan de la ville (calendrier des PTTÖ). …crivez ‡ líoffice du tourisme de la ville concernÈe.
Si vous avez choisi une autre Èpoque que la nÙtre pour un Èpisode, pour expliquer un mobile, vous devez si possible consulter des manuels díhistoire, des journaux de líÈpoque, vous renseigner sur les voitures, les objets de la vie quotidienne. Líaide de votre professeur díhistoire sera la bienvenue ; la consultation de certains sites díInternet souvent prÈcieuse.
De mÍme, pour Èviter des erreurs, il est indispensable de se renseigner sur le fonctionnement de la justice franÁaise. Votre connaissance des tÈlÈfilms amÈricains sera ici un handicapÖ Consultez plutÙt le professeur díÈducation civique !
…tape 7 : Comment commencer ?
Le dÈbut du rÈcit.
Vous allez Ècrire la scËne díexposition de líintrigue. Il ne síagit pas de la scËne du crime, qui sera racontÈe ‡ la fin de líhistoire, mais de la scËne de la dÈcouverte du mÈfait.
Cette scËne comportera deux parties successives :
ó la mise en scËne díun personnage dÈcrit dans sa vie quotidienne, qui ne se doute de rien et qui va dÈcouvrir le mÈfait. Vous dÈcrirez des actions quotidiennes, banales ;
ó la dÈcouverte du mÈfait, avec certains dÈtails parmi lesquels figurent ó bien cachÈs parmi de nombreuses autres remarques ó les indices qui trahiront le coupable ‡ la fin.
Níoubliez pas de montrer líÈmotion, la frayeur du personnage qui dÈcouvre le mÈfait.
DÈcrivez la scËne de maniËre progressive, pour entretenir le suspens : le lecteur doit se poser des questions importantes ‡ la fin de cette scËne.
Voici un exemple ;
Le soir o˘ cette histoire a commencÈ, on avait vraiment bien entendu le couinement de la micheline au passage du Nantes-Lyon vers Les Rosiers. Le temps se mettait au doux. Parti comme cíÈtait, Áa devait dÈj‡ síÍtre levÈ en mer, et ces sapristi de mouettes ne tarderaient point ‡ síen retourner chez elles. Ce ne sont pas des oiseaux bien intÈressants, Áa, les mouettesÖ
Il devait Ítre dans les cinq heures - cinq heures et demie au croisement de la route nationale qui longe la Loire avec la cÙte de La Croix, entre Gennes et Saumur, ou, pour mieux dire, entre Saint-Hilaire-Saint-Florent et ChÍnehutte-les-Tuffeaux, juste avant La Mimerolle.
L‡, il y a díabord eu comme un grand crac assez mou. Un fracas de tÙle. Et puis juste aprËs, le long gargouillis de PÈrigault Marcel, comme un siphon moitiÈ bouchÈ :
ó Nom de Dieu de Bon Dieu de Nom de Dieu de Bon Dieu ! clapotait la gorge en lavabo de PÈrigault ; et il se mit ‡ dÈvaler le coteau, les Èpaules en arriËre et les bottes en avant, comme un ours dans un cerceau. [Ö]
La borne, on ne la voyait plus. Il y avait une deux-chevaux, une nouvelle, une Diane, empalÈe dessus. Dedans, on distinguait un emberlificotis de voiles noirs, jupes noires, crucifix et chapelets noirs, tout sens dessus dessous ; ‡ líavant, du cÙtÈ du conducteur, un visage Èmergeait du pare-brise comme un monstrueux bubon qui sanguinolait sur le capot blanc.
Au-del‡, la Loire rosissait avec son sourire agaÁant de vieille chatte sur un poÍle. La borne Michelin, moderne rempart de vertu, líavait prÈservÈe de ces religieux cadavres. Sans elle, tout ce petit monde aurait plongÈ tout droit.
Le mÈlange díaff˚tiaux de bonnes súurs et de sang aqueux comme le fond díun saladier de tomates avait laissÈ PÈrigault de líautre cÙtÈ de la route frappÈ díune terreur sacrÈe qui avait arrÍtÈ net son dÈgorgement de Nom de Dieu de Bon Dieu. [Ö]
Il arrÍta soudain : au milieu du front, il y avait un trou entourÈ de poudre griseÖ
Pour Ítre morte, elle Ètait morte, cíÈtait s˚r.
Alix de Saint-AndrÈ, Líange et le rÈservoir de liquide ‡ frein, © Gallimard, SÈrie noire, 1994.
…tape 8 : Corriger son brouillon
Voici un texte Ècrit par Julie, une ÈlËve de 5e. Vous allez líamÈliorer de maniËre progressive :
Image 3
Les consignes
1. Dans ce texte, pouvez-vous repÈrer les deux parties demandÈes dans la consigne ?
2. La premiËre partie de la scËne vous paraÓt-elle suffisamment dÈveloppÈe ?
3. Le texte montre-t-il líÈmotion, la frayeur du personnage qui dÈcouvre le mÈfait ?
4. Le lecteur se pose-t-il des questions ‡ la fin de la scËne ? Lesquelles ? Sous quelle forme ces questions apparaissent-elles dans le texte ?
Deux gestes de correction du brouillon
1. Ajouter
¡ quel (s) endroit (s) du texte pouvez-vous ajouter des dÈtails ? Pourquoi ? Lesquels ?
2. DÈplacer
Pour mettre en relief un moment clef, vous connaissez la technique du retour en arriËre (voir p. 00)
Quelle phrase pourrait commencer le texte ?
Quels faits pourraient Ítre racontÈs ensuite par un retour en arriËre ?
Il existe aussi des cas o˘ il faut pratiquer un dÈplacement, ‡ líintÈrieur mÍme de la phrase, afin de la rendre plus facile ‡ lire. Effectuez ainsi un dÈplacement dans la phrase suivante, et donnez-en la raison :
La correction de la langue
VÈrifiez líaccord sujet-verbe, surtout avec le sujet collectif ´ tout le monde ª
VÈrifiez la conjugaison de la 1e personne du singulier du passÈ simple (rencontrer, crier).
VÈrifiez dans le dictionnaire : au moin, un crie, se ralumer, dÈgoutant, quelqun.
…tape 9 : Inventer des pÈripÈties, maintenir le suspens
Dans un rÈcit policier, certains passages sont quasiment obligatoires.
Les trois scËnes indispensables au rÈcit sont la dÈcouverte du mÈfait, que vous avez dÈj‡ Ècrite, une scËne díinterrogatoire díun suspect, et la scËne de dÈcouverte de líÈnigme.
La scËne díinterrogatoire est une scËne de dialogue (voir p.00). Cíest líenquÍteur qui la mËne, et le suspect doit mÍler des paroles vraies et des mensonges ou des omissions. Elle contient des indices qui serviront ultÈrieurement ‡ líenquÍteur.
Voici une scËne díinterrogatoire tirÈe díun roman cÈlËbre :
Líinterrogatoire de la vieille dame
Dans un wagon isolÈ de líOrient-Express, on a retrouvÈ le cadavre de Ratchett tuÈ de douze coups de couteau. Parmi les douze suspects interrogÈs tour ‡ tour, figure une vieille princesse russe.
La porte venait de síouvrir et la princesse Dragomiroff entra dans le wagon-restaurant. Elle vint droit vers les trois hommes qui se levËrent aussitÙt.
Sans prÍter attention aux deux autres, elle síadressa ‡ Poirot.
´ Monsieur, je crois que vous avez un mouchoir ‡ moi. ª
Poirot jeta ‡ ses compagnons un regard triomphant.
´ Estce celui-ci, madame ? ª
Il montra le petit carrÈ de batiste.
´ Oui, cíest cela mÍme. Voici mon initiale dans ce coin.
ó Pourtant, madame, síÈcria M. Bouc, cette lettre est un H et, si je ne me trompe, votre prÈnom estÖ Natalia. ª
Elle le dÈvisagea froidement.
´ Cíest exact, monsieur. Mes mouchoirs sont toujours marquÈs en caractËres russes : un N síÈcrit H en russe. ª
M. Bouc en demeura un instant abasourdi. Cette vieille dame indomptable avait dÈcidÈment le don de le mettre mal ‡ líaise. Il murmura :
´ MaisÖ ce matin vous ne nous avez pas dit que ce mouchoir vous appartenait.
ó Me líavez-vous demandÈ ? rÈpondit la princesse díun ton sec.
Agatha Christie, Le Crime de líOrient-Express, L.G.F., 1981
Le suspens
Vous pouvez vous contenter de rÈdiger les trois moments indispensables ‡ votre rÈcit. Mais il est beaucoup plus amusant de rÈdiger líhistoire en totalitÈ, mÍme si cela doit nÈcessiter un gros effort.
Pour vous aider ‡ crÈer une atmosphËre ou ‡ Ècrire un moment palpitant, voici quelques extraits de nouvelles ou de romans, dont vous pourrez vous inspirer :
Marguerite Marranos síenfuit vers la CÙte díAzur aprËs avoir dÈpouillÈ ses cinq complices du butin dont ils venaient de síemparer.
La Porsche crissa, vira, dÈrapa dans le sens des aiguilles díune montre affolÈe et piqua du capot en contrebas des rochers de bauxite, dans un embrouillamini de plantes jolies ‡ regarder mais dÈlÈtËres au toucher. Heureusement, la carrosserie efficace du vÈhicule líen protÈgea ; mais Melle Marranos Ècopa par contre díune blessure au front qui la fit aussitÙt pisser le sang, car elle avait heurtÈ le volant de plein fouet. Son minois en serait peut-Ítre durablement dÈfigurÈ, et cíest ‡ quoi elle songea díabord quand elle se rÈveilla, assommÈe par le heurt malencontreux et le soleil impitoyable, sa Porsche Ètant dÈcapotable. Elle eut la force de se pencher vers la boÓte ‡ gants, repoussa le revolver tout neuf díun geste agacÈ, en extirpa un miroir de poche quíelle maintint devant son visage et une bombe díeau de fraÓcheur dont elle síaspergea. Elle vit que ses dents Ètaient intactes, et elle en fut soulagÈe car elle aimait beaucoup ses dents tendanciellement disjointes, signe de chance disait-on. Ce jour-l‡, elle níen manqua point.
Henri Raczymow, Villa Mimosas, © Le Monde Gallimard, 1996.
Restauratrice de tableaux, Julia travaille au musÈe du Prado. La nuit tombe. Elle reÁoit un coup de tÈlÈphone de líassassin qui la traque et lui donne rendez-vous dans une salle dÈserte.
Elle sortit dans le couloir, pistolet au poing. A cette heure, líimmeuble Ètait dÈsert, ‡ part les gardiens qui faisaient leur ronde, mais elle ne savait pas o˘ les trouver en ce moment. Au bout du couloir, líescalier descendait en tournant trois fois ‡ angle droit, avec un vaste palier ‡ chaque changement de direction. LíÈclairage de sÈcuritÈ laissait planer une pÈnombre bleutÈe qui permettait de deviner les tableaux noircis par la patine sur les murs, la balustrade de marbre de líescalier et les bustes des patriciens romains qui montaient la garde dans leurs niches.
Arturo Perez Reverte, Le tableau du maÓtre flamand, © J.C. LattËs, 1993.
…tape 10 : La solution de líÈnigme
…tant donnÈ que vous líavez inventÈe en mÍme temps que le mystËre, la solution ne doit pas vous surprendre, mais elle doit surprendre le lecteur (voir extraits díAgatha Christie, p. 00).
Deux difficultÈs doivent Ítre rÈsolues :
1. ó Aucun ÈlÈment de líÈnigme ne doit Ítre oubliÈ (tous les dÈtails ó empreintes, horaires, tÈmoignages ó doivent síemboÓter comme dans un puzzle terminÈ. Tout doit síexpliquer de maniËre rationnelle : le fantastique níest pas admis ici.
2. ó Le lecteur ne doit pas avoir trop vite devinÈ qui est le coupable, de maniËre que la lecture reste intÈressante jusquí‡ la fin.
La scËne de rÈsolution du mystËre est la grande scËne dans laquelle líenquÍteur dÈploie tous ses talents : intelligence, mÈmoire, esprit de synthËse, luciditÈ, qualitÈs humaines.
…tape 11 : SíÈvaluer et Èvaluer les autres Èquipes
Pour Èvaluer le rÈcit, prÍtez attention aux points suivants :
Líintrigue
ï quel est le problËme ?
ï qui est la victime ?
ï o˘, quand et par qui a-t-elle ÈtÈ trouvÈe ?
ï quels sont les indices ?
ï quelle est la solution ?
ï qui est/sont le/s suspect/s ?
ï qui est coupable ?
ï quel est le mobile du coupable ?
ï comment le coupable a-t-il procÈdÈ ?
La narration
ï Quels sont les diffÈrents personnages ?
ï que sait-on díeux ?
ï sont-ils variÈs (sexe, ‚ge, milieu, caractËre) ?
ï Quels lieux, quels dÈcors, quels objets sont ÈvoquÈs ?
ï Quel est le dÈcoupage du temps ?
ï Quel est le narrateur ? A-t-il un rÙle particulier dans líhistoire ou est-il simple tÈmoin ?
ï Le point de vue choisi (3e personne ou 1e personne) est-il maintenu avec cohÈrence dans líensemble du rÈcit ?
Les descriptions
ï qui est dÈcrit ?
ï quels objets sont dÈcrits ?
ï ‡ quels endroits du texte sont placÈes ces descriptions ?
ï quel est le rÙle des descriptions dans le texte ?
…tape 12 : Communiquer son histoire
AprËs ce grand effort, vous avez bien mÈritÈ de communiquer votre úuvre ‡ la classe.
Vous pouvez la lire ou, mieux, si vous líavez mise au net ‡ líaide díun ordinateur, líimprimer et la faire lire autour de vous.
Et pourquoi ne pas faire un recueil des nouvelles Ècrites par la classe ? Pensez ‡ la mise en pages, aux illustrations.